LE BLOG DES FILMS D'AUTEUR

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L’ATTENTAT de Ziad Doueiri

 

 

 

QUAND MON CŒUR FAIT BOUM

 

 

        par Bertrand Bichaud

 

3/5 ON AIME BEAUCOUP

 

Un restaurant en pleine journée à Tel-Aviv. Une femme kamikaze y fait exploser une bombe, faisant de nombreuses victimes dont une dizaine d’enfants. Amine, chirurgien Israélien d’origine Arabe est à l’hôpital ce jour-là. Il voit arriver les blessés et fait de son mieux pour tenter d’en sauver le plus possible. Y compris cet homme juif qui refuse d’être soigné par un Arabe… Au milieu de la nuit suivante, l’hôpital l’appelle et l’informe qu’il doit venir sur le champ. À son arrivée, on lui demande d’identifier le corps de la terroriste supposée. Lorsqu’il soulève le drap de la victime, il reconnaît le visage de sa femme.

 


 

La toute première scène du film montre Amine, lors d’une cérémonie recevoir un prix. Sur la scène, il remercie l’assemblée et en profite pour partager un message d’espoir. Il explique la qualité de l’accueil qu’il a reçu en tant que médecin Arabe, arrivant en Israël. Le reste du film mettra à mal la douce utopie de son propos. Le film projette son sujet au de-là d’un conflit qui ne serait qu’une « guerre de religion ». Amine, le médecin est un Arabe laïc et sa femme Siham est catholique. Son acte est politique, dénué de foi spirituelle, elle agit en réponse à l’occupation d’un peuple par un autre.

 


 

La mise en scène est rythmée, toujours sur le fil, d’une indéniable efficacité. Le réalisateur qui a fait « ses armes » en tant qu’assistant caméraman auprès de Quentin Tarentino (« Jackie Brown », « Reservoir dogs » et « Pulp Fiction ») a à l’évidence tiré le meilleur de ces expériences sans en abuser. Aucun maniérisme ni effets gratuits n’est à déplorer dans sa réalisationLa construction du film s’oppose à celle habituellement utilisé sur ce sujet. Ici, on ne partage pas l’évolution d’un endoctrinement jusqu’à la concrétisation d’un acte terroriste. Le film part du drame pour tenter d’en remonter le mécanisme.

 


 

Pourquoi existe-t-il des femmes kamikazes ? « Parce que les médias relaient davantage leur acte que s’il avait été commis par un homme », explique l’un des personnages.  Plus qu’un film de plus sur le conflit Israélo-Palestinien, "L’attentat" parle de l’histoire d’un couple. De l’implosion d’une passion. Le cœur d’Amine ne bat que pour l’amour qu’il porte à sa femme. Il en va autrement pour elle. 

 


 

« L’attentat » ne dissèque pas la motivation de la kamikaze, c’est en cela qu’il est différent. Son regard est plus intime, à hauteur d’homme. Il est ici question d’amour, non de Dieu, mais d’un homme pour sa femme. Les raisons de son acte resteront mystérieuses, là est la finesse du propos et de son traitement. Loin de tous préjugés, le film s’intéresse aux destins d’individus, il en est à ce titre unique et remarquable. « L’attentat » invite à une nouvelle lecture du conflit, bien plus puissante et interpellante que nombre de films réalisés sur le sujet. Une réussite. 

 

 

 

La bande annonce: 


 

 

 



28/05/2013
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