MAGNIFICA PRESENZA de Ferzan Ozpetek
DEFUNTS DE L’HISTOIRE
par Bertrand Bichaud
3/5 ON AIME BEAUCOUP
Pietro fait des croissants la nuit dans une boulangerie, mais son rêve est de devenir acteur. C’est pour cette raison qu’il débarque un beau jour à Rome. Lorsqu’il trouve rapidement une maison bien plus grande et belle qu’il n’aurait pu l’espérer, il pense que la chance lui sourit. Mais le lieu, bien vite, apparaît déjà « habité »…
L’idée de départ du film vient d'un événement réel. Il y a quelques années, un ami du cinéaste a vu à la fenêtre d'un appartement proche de celui du réalisateur, une femme habillée de manière étrange. De vieilles habitantes du quartier lui ont ensuite raconté que l'immeuble avait été détruit pendant la seconde guerre mondiale et qu’une mère et sa fille s'étaient à l’époque jetées dans le vide. Au moment d'écrire le scénario de son nouveau film, Ferzan Ozpetek a repensé à cette histoire, il en a tiré le scénario de « Magnifica presenza ».
Tout comme dans son précédent film « Le premier qui l’as dit », le réalisateur construit l’ensemble de son histoire délibérément sur le ton de la comédie. Et cela fonctionne à nouveau à merveille. Les situations, sans être caricaturales, sont drôles, « hantées » par une fantaisie typiquement Italienne, colorée et rythmée. Autre agréable constat, l’humour n’est décidément jamais totalement gratuit chez Ferzan Ozpetek, mais recèle une manière élégante et efficace de soutenir un sujet des plus sérieux. Le rejet de l’homosexualité dans « Le premier qui l’a dit » et la deuxième guerre mondiale et ses artistes pactisant avec les nazis dans « Magnifica presenza. »
Sans jamais se prendre au sérieux ni être moralisateur, une deuxième histoire prend forme, mettant en scène un étrange lien constant entre le passé et le présent, entre la tragédie de la seconde guerre mondiale et la paix actuelle, même si, comme le dit Pietro « Tout n’est pas idéal pour autant aujourd’hui ».
Certains pourront trouver que le film manque de profondeur et de gravité dans le traitement des aspects dramatiques du scénario, mais Ozpetek fait le choix affiché de la légèreté et de la fantaisie. Il serait difficile de lui en vouloir, car c’est à cela que l’on doit l’inimitable charme de « Magnifica presenza. »
Le réalisateur signe une comédie amusante et originale, rafraîchissante et assez loufoque. Magique, enthousiasmante du début à la fin, « Magnifica presenza » est délicieusement excentrique.
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