STORIES WE TELL de Sarah Polley
LIVRER DEUX FAMILLES
par Bertrand Bichaud
3/5 ON AIME BEAUCOUP
On connaît son visage, mais seuls les cinéphiles connaissent son nom : Sarah Polley. Depuis plus de vingt ans, elle évolue dans des rôles marquants de grands réalisateurs, comme Atom Egoyan (« De beaux lendemains », « Exotica »), Terry Gilliam (« Les aventures du baron de Munchausen »), David Cronenberg (« eXistenZ »), ou encore Isabel Coixet où elle incarne le premier rôle du magnifique « Ma vie sans moi ».
« Stories we tell » est un documentaire sur l’histoire de sa famille, contenant des parties reconstituées (en super 8 par des comédiens), et des témoignages filmés aujourd’hui des membres qui la composent. La réalisatrice a été poser les mêmes questions à ses frères et sœurs, à son père et à des proches. Constatant que parfois les versions divergent, chacun s’arrangeant avec le passé.
On découvre qui étaient ses parents, des comédiens qui, suite à une représentation de théâtre (lui jouait, elle était dans le public) ont vécu un coup de foudre, une véritable histoire d’amour (comme au cinéma…). Bien sûr la suite à l'image de la vraie vie est moins parfaite, moins facile.
La réalisatrice explique : "Je pense que c'est un phénomène universel, qui se produit dans toutes les familles : les gens ont tous leur propre vision des événements déterminants, leurs propres souvenirs. Ils sont sûrs à cent pour cent que ce dont ils se souviennent est LA vérité". Mais le film démontre que cette vérité est multiple et que la réalité doit se trouver quelque part, au milieu des différentes versions énoncées.
Totalement personnelle, complètement universelle, son histoire ne peut que nous ramener à la nôtre. Toutes les familles ayant des secrets plus ou moins avouables et avoués. Le film parle d’amour, de filiation, de confiance, de trahison, de mensonge et de révélation.
Aussi passionnant qu’une fiction, aussi instructif qu’un documentaire, cet objet cinématographique atypique fonctionne à merveille. Suscitant sans cesse l’intérêt, étant tantôt drôle, tantôt émouvant. Ce film est une réflexion sur la relativité de la vérité. Sur la multitude de couches qui compose la réalité, en fonction de ceux qui la racontent. Notre mémoire n’est-elle pas, par ses oublis, ses dénis, bien plus créative que le plus inspiré des scénaristes ? Sarah Polley donne une fois de plus raison aux mots de François Truffaut : « La vie a beaucoup plus d’imagination que nous ».
La bande annonce:
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