LE BLOG DES FILMS D'AUTEUR

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JUST THE WIND de Bence Fliegauf

 

 

 

LE DERNIER JOUR DES CONDAMNÉS

 

 

par Bertrand Bichaud

 

3/5 ON AIME BEAUCOUP

 

 

En 2008 et 2009, des actes de violence sont commis contre des familles Roms dans plusieurs villages de Hongrie. Le bilan de ces agressions fait état de 16 maisons attaquées aux cocktails Molotov, de 63 coups de feu tirés et de 55 victimes, dont 5 personnes gravement blessées et 6 morts. Sans reconstituer précisément l’un des drames survenus, le réalisateur s’est inspiré de ces événements pour relater une histoire mettant en scènes ces violences envers les Roms Hongrois.

 


 

Le film se concentre principalement sur trois personnages d’une famille Roms. La mère, qui travaille comme femme de ménage (entre autres) dans une école, sa fille, une ado qui tente de s’intégrer tout en se faisant oublier, et son petit frère, déjà autonome dans ses agissements et son organisation de vie. Futé, constamment en éveil, prenant avec gravité son rôle d’unique homme de la famille, le grand père présent, malade et alité n'étant pas en état de protéger les siens d'hypothétiques agressions. Le papa, au Canada, organise leur future arrivée dans un pays qui semble plus adapté à les accueillir convenablement.

 


 

« Just the wind » adopte dès le départ un rythme lent, lancinant même. À l’image d’une longue journée, commençant tôt et donnant l’impression de ne peut-être jamais pouvoir arriver à sa fin. L’histoire refuse tout sensationnalisme ou dénonciation partisane. C’est le quotidien précaire, incertain et anxiogène de ces trois personnages qui est figé ici. Comme un instantané, les derniers moments de calme avant le drame annoncé. 

 


 

« Just the wind », 5ème film du réalisateur et scénariste Hongrois Bence Fliegauf, est son premier à sortir en France. La mise en scène se positionne clairement sur le ton du documentaire, avec une caméra à l’épaule, suivant chaque personnage, au plus près de leur visage, de leur corps, tournoyant, captant leurs émotions les plus contenues. Une présence oppressante, ajoutant à la tension qui se déploie, laissant craindre une issue se profilant de manière de plus en plus évidente.

 


 

Les trois comédiens principaux, véritables Roms ont été découverts par le cinéaste après un an de recherche dans des écoles et des campements. Ils sont tous trois admirables de réalisme et de précision de jeu. Le film a obtenu le Grand Prix du Jury (Ours d’Argent) à la Berlinale 2012 et le prix du Jury à Paris Cinéma 2012.

 


 

« Just the wind » est un film tout en finesse, en concision et en retenue, magnifiquement maîtrisé, traduisant avec une rare authenticité et exactitude l’horreur d’une oppression silencieuse et aveugle.  

 


 

 La bande annonce: 




14/06/2013
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