LE BLOG DES FILMS D'AUTEUR

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NO de Pablo Larrain

 

 

YOU SAY YES, I SAY NO, YOU SAY STOP,

I SAY GO GO GO !

 

 

  par Bertrand Bichaud 

 

 

4/5 ON ADORE                                                 

 

 

1988. Le Chili. Face à la pression internationale, Augusto Pinochet se voit contraint d‘organiser un référendum. La population doit se prononcer, et voter « Oui » pour qu’il reste, ou bien « Non » pour son départ.


 

 

Mais en tant que dictateur, va-t-il accepter que l’élection se déroule réellement de manière démocratique ? C’est avec cette part d’inconnu que les opposants doivent composer. Pour la campagne du référendum, Pinochet décide que deux programmes quotidiens télévisuels de quinze minutes seront mis en place durant un mois. Tous les jours le parti regroupant les forces de l’opposition aura cette tribune libre, à la suite de quoi, ce sera le parti gouvernemental qui à son tour diffusera sa séquence filmée.


 

 

« No » est le dernier volet d’une trilogie. « Santiago 73,’’ Post Mortem’’  parle des origines de la dictature, ‘’Tony Manero’’  de son époque la plus violente, et ‘’No’’ de sa fin. Peut-être que ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire le bilan, de revisiter l’imaginaire de la violence, de la destruction morale et de la distorsion idéologique, pas pour la comprendre, mais pour dire qu’elle a existé », explique le réalisateur.


 

 

« No » raconte comment un créatif d’une agence de publicité, René Saaverda a été amené à imaginer la campagne électorale de l’opposition au gouvernement. Pour cela, il va utiliser des outils et techniques issus des stratégies publicitaires. Le film relate cette confrontation de communication dont l’issue déterminera la victoire de la démocratie au Chili.


 

 

« No » est un film politique absolument passionnant sur la communication électorale. Sur l’espoir, sur la soif de démocratie et la peur des terribles risques qu’elle implique sous un règne totalitaire. La mise en scène de Pablo Larrain est étonnement en marge de celle utilisée pour ses précédents films. Où quand un cinéaste met son regard et sa sensibilité au service exclusif de son histoire.


 

 

L’une des brillantes idées de sa mise en scène, est d’avoir tourné avec des caméras des années 80. Ce traitement de l’image offre au spectateur l’impression de visionner un document de l’époque, entre film amateur et reportage sur le vif. Pour la première fois dans un film politique, les images d’archives s’intègrent harmonieusement à celles de fiction. La frontière entre les deux devenant imperceptible.  C’est ainsi que de réels spots publicitaires et jingles de l’époque sont utilisés apportant une véracité des plus convaincante.

 

 

 

L’ironie de l’histoire veut que ce soit un publicitaire -ancien  exilé- utilisant un "savoir-faire" venant des Etats-Unis (alliés de Pinochet…) qui le fasse tomber. À noter aussi que c’est en « gommant » les atrocités promulguées par le gouvernement en place (trop anxiogènes en termes de communication), et en créant du rêve en partant d’un concept qui aurait aussi bien pu être utilisé pour un yaourt ou une boisson « La joie » que le peuple a trouvé, après des années de dictature, le courage de modifier son destin.

 

 

 

« No » est un magnifique film, captivant de bout en bout. D’une qualité de restitution admirable. Un témoignage d’une fascinante page de l’histoire du Chili. Une réflexion sur l’importance des mots, des images et des concepts, qui pour atteindre un but, sont parfois susceptible de s’opposer, dans leur utilisation, aux valeurs que leur finalité revendique pourtant défendre.  

 

 

La bande annonce:

 



08/03/2013
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