LES INVISIBLES de Sébastien Lifshitz
GAY ET JOYEUX
par Bertrand Bichaud
3/5 ON AIME BEAUCOUP
Ce documentaire raconte comment des hommes et femmes homosexuels, aujourd’hui septuagénaires, ont vécu leur enfance, leur adolescence et leur vie d’adulte, à des époques où l’on considérait cette préférence sexuelle comme une maladie psychiatrique. En effet, jusqu’en 1981, l’Organisation Mondiale de la Santé classait l’homosexualité dans les maladies mentales.
Le film évite tous les pièges de ce type de sujet : Pas de ghettoïsation, pas de prosélytisme, pas de voyeurisme ni de misérabilisme. Bien au contraire, il capte avec respect, neutralité, simplicité et attention les propos des intervenants.
L’utilisation de musiques, le choix de mise en scène et de montage offre au film un traitement plus proche d’une fiction que d’un documentaire. Ambitieuse démarche qui fonctionne à merveille. Les plans de nature amènent de salvatrices pauses et respirations entre les témoignages. Le tout lui donnant un rythme agréable, soutenu et des plus digeste.
Forcément non exhaustif sur le sujet, mais ne revendiquant jamais de l’être, ce film équilibre avec justesse les témoignages de citadins et de ruraux, d’homosexuels hommes et femmes, de souvenirs du passé et de la vie actuelle.
Des photos personnelles et films amateurs des décennies passées ponctuent les entretiens présents. C’est souvent drôle, parfois touchant. Le réalisateur filme le quotidien de ces couples puis leur témoignage face caméra. Ils sont tous sincères, racontant avec générosité et parfois même truculence leur souvenir. Les propos peuvent être crus, mais pas vulgaires, intimes mais pas impudiques.
Le film ne s’enferme pas dans l’imagerie historique de l’évolution des gays, il parcourt aussi les modifications de conscience collective sur des sujets parallèles, mais qui posaient à l’époque tout autant de problèmes, tels que l’avortement et le droit des femmes en général.
Il se dégage avec surprise une constante bonne humeur, une joie de vivre. Comme si malgré la souffrance du passé, la dureté des combats -parfois contre soi, et toujours contre le rejet et l’incompréhension des autres- les témoins conservaient avant tout l’épanouissement de leur affimation. La fierté de leur identité. De leur droit au plaisir. De leur liberté. Une victoire pour eux individuellement, pour eux collectivement, et enfin pour eux aux yeux de tous.
« Ce film rend hommage à toutes ces personnes qui, par le simple fait d’avoir vécu aussi librement, ont permis que nous ayons les libertés que nous connaissons aujourd’hui. Il faut rappeler le combat qui a été mené, raconter les ennemis de toujours, la pensée réactionnaire qui n’attend que de pouvoir réapparaître. Il n’y a jamais rien d’acquis » explique le cinéaste.
Allez-y les yeux fermés : « Les invisibles » est à voir !
La bande annonce:
A découvrir aussi
- GOODBYE MOROCCO de Nadir Moknèche
- UN NUAGE DANS UN VERRE D’EAU de Srinath Cristopher Samarasinghe
- LA SANTE DANS L’ASSIETTE de Lee Fulkerson
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 156 autres membres