ELECTRICK CHILDREN de Rebecca Thomas
ENCEINTE VIERGE
par Bertrand Bichaud
2/5 ON AIME BIEN
Rachel à quinze ans, elle vit avec ses parents, ses frères et soeurs dans une communauté mormone. Un jour, elle tombe par hasard sur un magnétophone et découvre une chanson d’un groupe de rock local. Cette expérience, toute nouvelle pour cette ado élevée en dehors du monde moderne va la bouleverser. Elle vit ce moment avec une trouble intensité, à tel point qu’elle va le considérer comme une « rencontre » mystique et sensuelle. Quelques semaines après, découvrant qu’elle est enceinte (alors qu’elle est toujours vierge) elle soutient que c’est l’émotion exceptionnelle ressentie qui en est la raison…
Le moins que l’on puisse dire (et penser) face au postulat de départ du film, est qu’il est pour le moins aussi gonflé que risqué. Pourtant, on se décide rapidement à accepter l’incroyable, à se laisser la possibilité de voir où il va nous mener. Etrangement on se retrouve conciliant, à avaler … la pilule. Là est le premier tour de force de ce film.
Autre difficulté qui s'est transformé positivement, le manque de temps. La comédienne Julia Garner étant à l’époque mineure (et ne devant tourner plus de 8 heures par jour), le budget ne permettant pas plus de vingt-quatre jours de tournage, de nombreuses scènes ont fait l'objet d'improvisation. Résultat de ces contraintes un dynamisme indéniable dans les échanges entre les personnages.
Julia Garner est absolument parfaite en jeune femme d’un autre monde confrontée à la découverte de la réalité avec un regard ou se mêle curiosité et tolérance. Un visage angélique qui donne la dimension nécessaire à faire tenir debout un rôle dont l’écriture l’avait pourtant prédestiné à être bancal.
« Electrick children » est une sorte de poème rock aux tonalités new age, revendiquant son label de film indépendant US par l’utilisation parfois excessive d’artifices de réalisation. Truffé d’imperfections, il détient pourtant un indéniable charme. C’est ce qui en fait un objet attachant. La réalisation, le montage, observés indépendamment invite à la critique. Mais le tout trouve un (dés)équilibre qui fonctionne. Y compris le scénario qui, finalement se déploie sans aucun cadre ni logique, arrivant à insuffler au tout une atmosphère prégnante.
« Electrick children » est un film significatif, à l’expression instable mais assez ensorcelante. Bannissant toute rationalité, il invite à un voyage étrange, envoûtant et forcément… Électrisant.
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