DEUX JOURS, UNE NUIT de Jean-Pierre et Luc Dardenne
CHOMEUSE GO ON
par Bertrand Bichaud
4/5 ON ADORE
Sandra est une jeune femme mariée, mère de deux enfants sortant d’un congé maladie pour dépression. De retour à son travail, elle apprend qu’un vote du personnel a eu raison de son emploi. Ses collègues s’étant vus contraindre par la direction à choisir entre la perception d'une prime de 1000€ impliquant le licenciement de Sandra, ou accepter de ne pas toucher leur dû et sauver son poste. Sandra ayant négocié avec sa direction un nouveau vote, elle décide de passer son week-end à tenter de convaincre ses collègues de changer d'avis afin de ne pas perdre son travail.
Après « Rosetta », « L’enfant », « Le silence de Lorna » et « Le gamin à vélo », « Deux jours, une nuit » signe la cinquième collaboration entre les réalisateurs et le comédien Fabrizio Rongione jouant ici le mari de la protagoniste. A ses côtés un casting Belge composé d’Olivier Gourmet, Christelle Cornil et Catherine Salée.
Ce nouveau film est le 7ème consécutif à être sélectionné en compétition au Festival de Cannes. À noter que les « frères » sont des habitués de la croisette avec déjà deux Palmes d’Or pour « Rosetta » et pour « L’enfant ».
Les amateurs de Marion Cotillard se régaleront, la comédienne étant de tous les plans, les autres pourront regretter une composition de rôle peu nuancée, assez démonstrative.
La principale force du film tient en son scénario. Rien de nouveau sous le soleil nuageux des Dardennes qui proposent ici un nouveau conte social, mais ils excellent une fois de plus dans ce genre. Le réalisme kafkaïen de l’histoire recèle en lui autant de dramaturgie que de suspens. Sobres et bouleversants, le récit et les dialogues échappant à toutes facilités larmoyantes se révèlent aussi ingénieux que pertinents.
« Deux jours, une nuit » est un magnifique film qui dérange, questionne et plonge le spectateur dans la réalité âpre du monde du travail en temps de crise. De ses règles déréglées à ses (non) choix, imposant à ses victimes des croyances et des comportements issus d’une vision biaisée des problématiques systémiques bien plus complexes que celles caricaturalement exposées. Un très beau film salvateur de par son indignation, sa dénonciation et son humanité.
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