UNA NOCHE de Lucy Mulloy
UNE FUTURE ABSENCE
par Bertrand Bichaud
2/5 ON AIME BIEN
Cuba a tout d'une île aux décors paradisiaques, mais Raúl étouffe dans cette société en proie au désespoir et rêve d'une nouvelle vie ailleurs. Il propose à Elio, son meilleur ami, de partir avec lui à Miami, situés à 140 kilomètres de l’autre côté de l’océan. Mais Elio est partagé entre le désir de protéger sa soeur jumelle et celui de tout quitter pour un monde meilleur...
« Petite, j’établissais mes propres règles, c’est être libre. Dès que tu deviens plus âgé, les règles sont établies pour toi. Des fois, tu dois les transgresser. Une fois que tu en as brisé une, tu peux tout aussi toutes les briser. Après tu ne peux plus revenir en arrière (…) Depuis le haut des arbres, tu peux voir les avions arrivés depuis Miami. Parfois, les gens reviennent à Cuba depuis le monde extérieur. Ils reviennent comme des rois. Gros, heureux, confiants. Ils perdent ce nerveux désespoir » explique en voix off la narratrice de l’histoire.
Étranges atmosphères que celles qui découlent de ces destins noirs inondés par un environnement flamboyant de couleurs. Des vies sombres dans un lieu plombé par la chaleur et la luminosité. La musique omniprésente renforce ce sentiment ambivalent de fête et de détresse.
Ici la pauvreté est partout, la débrouille est une question de survie, la volonté n’est plus un choix mais une nécessité. Le rêve de ceux qui osent écouter leur envie est simple : Sortir du pays et fuir.
Sans tomber dans une imagerie de « carte postale », l’immersion dans Cuba que propose la cinéaste est réaliste. Les rues, les maisons, les habitants, tout est montré avec mesure, sans dénonciation excessive, mais avec une indulgence compassionnelle pour ces personnages.
« Una noche » est d’une actualité qui fait se confronter la fiction et la réalité. Les deux jeunes acteurs Cubains, lors de leur présence au Festival de Tribeca en avril 2013, ont disparu quelques jours à New York, avant de réapparaître en demandant l’asile politique…
Ce premier long-métrage de Lucy Mulloy - également productrice du film - dévoile une très belle (et maîtrisée) mise en scène pour une première réalisation. Foncièrement énergique, suivant le rythme du cœur de son intrigue. Un joli film qui ne souffre (qu'en partie) de ses dernières scènes où le manque de crédibilité et l'excès de démonstration romanesque jettent un voile d'ombre sur une histoire pourtant aussi éclairante que lumineuse.
A découvrir aussi
- 7ème CIEL d'Andreas Dresen
- ANNA HALPRIN : LE SOUFFLE DE LA DANSE de Ruedi Gerber
- ELLE S’EN VA d’Emmanuelle Bercot
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 156 autres membres