UN CHATEAU EN ITALIE de Valeria Bruni Tedeschi
PAUVRES RICHES
par Bertrand Bichaud
1/5 MOYEN MOYEN
L’histoire du film? C’est celle d’une comédienne, la quarantaine, issue d’une riche famille Italienne, dont le frère est malade du sida, et qui rencontre un comédien plus jeune qu’elle dont elle tombe amoureuse…
Parler d’une fiction apparaît donc assez farfelu quand on sait que tous ces éléments font partie de la réelle vie de Valeria Bruni Tedeschi. Lorsque l’on rajoute à cela que son propre ex-compagnon joue le rôle de l’amoureux de l’héroïne, que sa véritable mère joue sa maman, et que le château familial filmé est celui de son enfance, on se demande bien pourquoi la cinéaste a fait appel à deux co-scénaristes (Noémie Lvovsky et Agnès De Sacy) pour cette histoire. Mais où ont-elles donc été chercher tout ça? Serait-on en (ironique) droit de se demander.
Le burlesque et la truculence du premier opus de la réalisatrice « Il est plus facile pour un chameau… » avait déjà débuté à déserter « Actrices » son second film. Le constat pour ce troisième est dans la triste lignée. Toute la légèreté et le charme du « Chameau » semblent être passés aux oubliettes (du château certainement…). Le scénario, malgré son écriture à six mains se construit avec difficulté, bien souvent décousu. Seuls quelques moments amusants sauvent certaines scènes, le regard en décalage aigre-doux de la réalisatrice persistant malgré tout, mais bien trop ponctuellement.
Le film souffre d’enfermement, d’un « entre soi », d’un apparent nombrilisme bien vain, qui laisse sans cesse à distance. Difficile de se passionner pour ces grands enfants gâtés, décadents, dégénérés. Pauvres riches qui ont pour unique souci de faire face à la perte de leur fortune, par avarice d’effort tout autant que par goût pour le contournement des lois et le refus des dûs relatifs à leur situation.
L’auto-critique (auto-dérision?) affichée, un peu forcée et grossière dont fait office l’intervention de certains personnages ne suffit en rien à atténuer le manque d’empathie pour les protagonistes, ainsi que le manque d’intérêt pour leurs petites histoires existentielles. "Sur le tournage, Filippo (le comédien jouant le rôle du frère) a eu une idée, il m’a suggéré de tourner un plan où il danserait avec ma mère, il était sûr que ça lui ferait plaisir. Ce n’était donc pas une scène prévue, et on l’a tournée, au départ, pour égayer ma mère. Il y plusieurs choses dans le film qui ont été faites juste pour faire plaisir à ma mère." Explique la cinéaste. Mais est-ce bien ainsi que l’on structure avec cohérence et pertinence un film ?
La singularité de sa personnalité (et de son jeu) fait de Valeria Bruni Tedeschi une comédienne atypique et donc précieuse, mais pourquoi donc vouloir « faire » la réalisatrice? Ses interprétations chez Chéreau, Ozon, Blier ou Chabrol donnent une sérieuse envie de continuer à la suivre, mais en espérant qu'elle se contente d'une place sous la lumière des projecteurs.
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