THE MASTER de Paul Thomas Anderson
THE MASTER… CLASSE !
par Bertrand Bichaud
3/5 ON AIME BEAUCOUP
Ce qui saute aux yeux à la découverte du nouveau Paul Thomas Anderson, c’est une évidence qui pourtant aura nécessité quelques films pour s’en convaincre : Le cinéaste est le meilleur directeur d’acteur de sa génération.
Il nous rappelle que son métier n’est pas uniquement de « filmer » son histoire mais aussi d’en diriger ses comédiens. Activité dont on parle habituellement peu ou pas. Et pourtant, quand la direction est autant poussée qu’avec PTA, le résultat transforme une simple interprétation en une réelle performance. Et la vision du film devient une pure délectation.
Ce doute s'était déjà imposé avec son plus grand film « Magnolia ». Tom Cruise n’a jamais été aussi bon que dans ce rôle de gourou sexiste. Seul Kubrick (« Eye wide shut ») avait tiré son épingle du jeu (pas toujours convaincant) de l’acteur. C’est ainsi que « The master » nous offre quelques scènes déjà mythiques (et profondément mystiques…) de face à face entre Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman.
Un rôle principal qui vaudra sans nul doute (qui veut parier ?) un Oscar à Joaquin Phoenix qui joue Freddie, un vétéran alcoolique impulsif et obsédé sexuel qui tombe sous la coupe d’une secte « la Cause » incarnée par son leader Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) lui aussi sidérant dans sa qualité et finesse de jeu.
La filmographie de PTA est éclectique, tout autant dans les sujets traités que dans l’intérêt de leur résultat. Même si « Magnolia », son chef d’œuvre n’a jamais été égalé, « The master » se place certainement juste derrière. Ce film a de nombreuses qualités, la mise en scène, comme toujours avec ce cinéaste, est magistrale tout en échappant à toute démonstration inutile, créative mais jamais prétentieuse. Le film est à la fois dérangeant, énigmatique, complexe et des plus stimulant. PTA s’amuse, et le plaisir qu’il y prend est méchamment contagieux.
La seule petite réserve vient de l’absence d’émotion qui aurait pu donner encore un peu plus d’ampleur à l’ensemble. Mais, plus qu’un manquement, il s’agit là certainement d’un choix du réalisateur ayant privilégié un regard clinique et distant face à ses personnages qu’il ne juge jamais quels que soient leurs dérives ou excès.
« The master » est un film passionnant, magnifiquement réalisé et porté par un duo de comédiens au sommet de leur art.
La bande annonce:
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