SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE de Pascal Plisson
SUR LES SENTIERS BATTUS
par Bertrand Bichaud
1/5 MOYEN MOYEN
Ils sont « quatre » enfants vivant aux « quatre » coins du monde… Le chemin qu’ils doivent parcourir pour aller à l’école est long et semé d’embûche. Jackson a 11 ans, il vit au Kenya et marche matin et soir avec sa petite sœur quinze kilomètres, au milieu de la savane et des animaux sauvages. Zahira, 12 ans, habite dans les montagnes de l’Atlas Marocain, elle emprunte des chemins et routes plus ou moins praticables pour rejoindre le village ou elle étudie. Samuel, 13 ans, vit en Inde, quotidiennement il a quatre kilomètres qu’il doit accomplir dans sa (pseudo) chaise roulante poussée par ses frères. Quant à Carlos, 11 ans, c’est à cheval qu’il traverse les plaines de Patagonie sur plus de dix-huit kilomètres, emmenant sa petite sœur avec lui…
La bande-annonce de ce documentaire, à l’image de son sujet offre une promesse de joli film. Accompagner des enfants sur des chemins de pays lointains, découvrir leur vie, leur famille, leur préoccupation, leur motivation pour braver toutes les difficultés qu’ils doivent affronter afin d’apprendre, étudier, se donner une chance d’avenir. Voilà une magnifique idée. Comprendre combien l’éducation peut être le seul espoir sur lequel s’appuyer lorsque l’environnement qu’il soit familial, social, ou économique est si défavorisé.
Malheureusement, le principal problème du film vient du fait qu’il ne développe à aucun moment son sujet. Il se contente que l’observer (de peur de s’y confronter ?), l’air un peu béat par le dépaysement des paysages et des modes de vie. Il reste à distance, en silence. N’interrogeant pas, se satisfaisant visiblement de ne faire que montrer - en le magnifiant - le chemin (uniquement au sens propre) que ces enfants doivent parcourir. Le film jamais, dans son traitement, ne sort des sentiers battus…
La sur-scénarisation des séquences le rapproche d’une émission de télé-réalité, non loin d’un numéro spécial « enfant » d’un « Rendez-vous en terre inconnue ». C’est le manque de réalisme, de spontanéité, de parole donnée, qui associé à une obsession d’esthétisme (parfois déplacée) transforme ce séduisant projet en un résultat d’une beauté (et d’un contenu) de carte postale. Rien n’y ai dit. Seul le postulat de départ y est répété sans fin : Pour certains enfants le chemin est long et difficile pour aller à école…
L’imagerie caricaturale qui constitue les « histoires » racontées n’allège en rien le sentimentalisme des émotions suscitées. Les Africains doivent se méfier des éléphants, la Marocaine mange son couscous en famille, et l’Argentin boit son maté. Voilà ce qui nous est montré. Cette perpétuelle volonté de transformer ces enfants en personnages laisse une triste sensation de trahison de l’objet premier de la démarche. La musique participe à son niveau au spectaculaire et à la grandiloquence de la réalisation.
« Sur le chemin de l’école » ressemble à une commande promotionnelle ayant pour objectif de faire comprendre aux enfants des pays industrialisés la chance qu’ils ont d’avoir un accès si facile à l’éducation. Voici bien un film qui ne pourra faire qu’un carton d’audience lors de ses futurs diffusions télé. Puisqu’il se trouvera enfin à la place qui est la sienne.
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