MUNDANE HISTORY d’Anocha Suwichakornpong
INTOUCHABLES
par Bertrand Bichaud
0/5 DESOLE, ON AIME PAS
L’histoire, pour qui se contenterait d’en lire le résumé, est proche de celle du film le plus rentable de l’histoire du cinéma Français, à savoir « Intouchables ». Et pourtant, voilà bien l'unique ressemblance à trouver entre ces deux films, si ce n’est leur aspect légèrement drôle, pour le Français volontairement, et pour le Thaïlandais bien à ses dépens. Car oui, le point de départ (sur lequel on restera d’ailleurs durant tout le film…) met en scène la relation d’un homme handicapé, suite à un accident, et de son aide soignant.
« Je suis un grand admirateur » de ce film a déclaré Apichatpong Weerasethakul, le réalisateur de « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures », la plus ennuyeuse et soporifique des Palmes d’Or de l’histoire du Festival. Nous aurions donc dû nous méfier…. Mais, au diable les préjugés (!), c’est plein d’espoir que nous avons finalement décidé de donner sa chance à « Mundane history », les premiers films pouvant parfois réserver de merveilleuses surprises. Parfois mais pas tout le temps alors donc…
La réalisation tout d’abord donne rapidement une légère nausée, avec une sur-utilisation de plans fixes tremblotants. Seules les séquences en extérieures bénéficient d’images fixes… Ensuite, le traitement général se veut (faussement) riche en non-dits (et en non-montrés surtout), il en ressort une impression de grande prétention. Quelques insertions de scènes « cosmiques » rappellent (avec beaucoup d’indulgence) les envolés Malickiennes de « Tree of life », la virtuosité et l’esthétisme en moins.
Le montage quant à lui est gratuitement et lourdement déstructuré, ce qui ne fait qu’alimenter l’incompréhension de l'ensemble. Plus qu’énigmatique, l’histoire (quand on arrive à la suivre) se révèle incohérente et truffée de déviances scénaristiques aussi improbables qu’indigestes. Sans oublier une scène de masturbation dans un bain, aussi inutile à l'histoire que "grossière" dans sa réalisation.
Toutes ces erreurs plombent le reste (qui n’en avait nullement besoin) et empêchent une quelconque empathie envers les personnages, qui tous autant qu’ils sont (pourtant peu nombreux) souffrent de n'être que survolés, dénués d'aspérités auxquelles s’accrocher. Un excès de tentatives de "symbolismes" inachevés fait perdre définitivement dans cette obscure complexité le peu d'intérêt qui aurait pu s’en dégager.La scène finale nous impose la vision d’une césarienne, dont aucun détail ne nous est épargné (re-nausée…). Cette dernière séquence clôt avec bonheur (si, on est soulagé que ce soit terminé… ) cet enchevêtrement de scènes qui n’en sont pas vraiment, et qui, en tous cas, ne forment en aucun cas un film digne de ce nom…
Pourtant l’affiche, très belle, tout autant que la bande-annonce, particulièrement réussie trahissent la réalité de l’objet présenté. Le point culminant de l’histoire (pour vous donner une idée) se résume en ce caricatural dialogue que partagent les deux personnages principaux, allongés dans l’herbe, regardant pensifs le ciel (lui-même profond)… « Peut-on vivre sans passé ? » Demande l’un. Et l’autre de lui répondre « Peut-on vivre sans avenir ? ». Ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir nous apprendrons à nous passer d’une nouvelle projection de ce (trop) long métrage qui à aucun moment ne nous a touché.
La bande annonce:
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