LE BLOG DES FILMS D'AUTEUR

TRAITEMENT DE CHOC

par Bertrand Bichaud

4/5 ON ADORE

Patagonie, 1960. Un médecin allemand rencontre une famille Argentine sur la longue route qui mène à Bariloche. Là-bas, Eva, Enzo et leurs trois enfants s’apprêtent à ouvrir un hôtel au bord du lac Nahuel Huapi. Cette famille modèle ranime l'obsession du médecin pour la pureté et la perfection, en particulier Lilith, une fillette de 12 ans trop petite pour son âge.
Sans connaître sa véritable identité, la famille l’accepte comme leur premier client. Ils cèdent les uns après les autres à la séduction et au charisme de l'homme, à l'élégance de ses manières, à son savoir mais aussi à son argent, jusqu’à ce que naissent des doutes sur ses réelles intentions.

La réalisatrice Lucia Puenzo, au départ écrivaine, a publié depuis une dizaine d’années six ouvrages parmi lesquels « Wakolda » (inspiré de faits réels) dont le film est une adaptation. Parallèlement à son travail d’écriture, elle a signé en tant que metteur en scène deux films avant « Le médecin de famille », « XXY » en 2007, Grand Prix de la semaine internationale de la critique à Cannes et Goya du meilleur film étranger puis « El nino pez » en 2009.

On retrouve dans le rôle féminin principal Natalia Oreiro, repérée par la réalisatrice suite à son interprétation dans le très beau film de Benjamin Avila « Enfance clandestine ». A noter la performance tout en nuance et justesse d’Alex Brendemühl, ambigu à souhait dans le rôle du médecin.

« Le médecin de famille » renferme en lui une tension soujacente croissante, délicieusement flippante dans un premier temps pour terminer en une oppressante apothéose d'une frayeur froide. Le décor renforce ce malaise, les paysages désertiques et montagneux de la Patagonie se transforment en terrain de jeu (de massacre) où le moindre danger peut prendre ses aises et gagner en assurance.

"Le médecin de famille" est un film aux multiples dimensions, dramatiques, politiques et historiques, construit comme un polar, où l’atmosphère et les non-dits remplacent l’action et les cris. Et puisque mieux vaut prévenir que guérir, sachez-le, ce médecin peu recommandable risque de vous faire passer un moment aussi captivant que mémorable.