FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES de Laurent Cantet
GIRLS POWER
par Bertrand Bichaud
2/5 ON AIME BIEN
Le thème de l’adolescence indisciplinée se retrouve à nouveau devant l’objectif de Laurent Cantet. Après « Entre les murs » (et sa Palme d’Or 2008), le réalisateur change de décors et troque une banlieue difficile (pour un professeur et ses élèves) contre une époque qui ne l’est pas moins pour des adolescentes Américaines aux repaires familiaux inexistants.
Tiré d’un roman de l’écrivaine New Yorkaise Joyce Carol Oates, Foxfire se déroule dans une petite ville, typique de ce qu’étaient les Etats Unis des années 50. Une bande d’adolescentes en mal de justice, décide de répliquer au (mauvais) sort qu’il leur est réservé par la gente masculine. Leurs futurs victimes seront tout autant, un professeur cruel, un vieil oncle pervers, qu’un homme de la rue acceptant un peu trop vite de monter dans une chambre d’hôtel avec une jeune inconnue.
L’idée de départ n’est pas sans charme, tenter de vivre son adolescence en se laissant guider par l’idéalisme qui la caractérise est un projet pour le moins réjouissant. Mais la vision unilatérale des protagonistes, à savoir « tous les hommes sont mauvais », point de vue illustré dans les faits sans nuances ni remises en cause, fait tomber le propos dans une caricature, qui, forcément dessert le discours.
Cette soif d’entraide entre femmes atteint aussi rapidement ses limites lorsqu’une jeune fille noire voulant intégrer la bande se voit rejeter en raison de sa différence de couleur de peau. Difficile de s’attacher aux personnages dans ses circonstances.
Car c’est bien le manque d’empathie envers ces rebelles à peine sorties de l’enfance qui empêche de partager leur enthousiasme tout comme leurs angoisses. Quelques invraisemblances viennent de plus ombrager la fluidité du scénario.
Le casting reste le point fort du film, toutes les comédiennes campent avec conviction et talent leur personnage, réussite d’autant plus admirable que seule l’une d’entres elles (Tamara Hope) est une comédienne professionnelle.
Et pourtant, les 2h20 passent sans lasser. La mise en scène est traitée avec minutie, avec attention, mais souffre tout de même d’une absence de parti pris qui aurait pu apporter la personnalité dont le film pâtit.
Traiter la « rébellion » avec une réalisation aussi académique condamne Foxfire à manquer du souffle de liberté et d’insouciance qui habite et anime pourtant ses personnages.
La bande annonce:
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